C’est un secret longtemps caché, une «hydre», comme l’a donc baptisée Camille Kouchner, se libère par écrit et en public, trente-deux après les faits, à 45 ans : l’inceste commis sur son frère jumeau. Le mot inceste s’accompagne souvent de celui de «tabou». Le couvercle saute en plein milieu de son livre qui paraît jeudi, au titre faussement joyeux, la Familia grande (Seuil), du surnom que se donnait une bande d’amis fascinée par la révolution cubaine. Page 105 : «Victor m’a demandé de venir le voir dans sa chambre. C’était après la première fois. Quelques semaines après, je crois. Il m’a dit : “Il m’a emmené en week-end. Tu te souviens ? Là, dans la chambre, il est venu dans mon lit et il m’a dit : “Je vais te montrer. Tu vas voir, tout le monde fait ça.” Il m’a caressé et puis tu sais…”» «Victor», le frère dont elle a modifié le prénom, se confie à sa sœur, tous deux jumeaux de l’ancien ministre Bernard Kouchner et de l’universitaire Evelyne Pisier. Ils ont alors 14 ans. Il ne voudra pas en parler. Elle ne pourra pas le faire.
Il y a un an, le Consentement de Vanessa Springora (Grasset), récit de l'emprise qu'elle avait subie adolescente de l'écrivain Gabriel Matzneff, amateur de très jeunes enfants, éclaboussait le milieu germanopratin, qui avait protégé et entre