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Libération
Interview

«Si des auteurs ont percé, c’est parce que les libraires les ont défendus»

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Dans sa «Petite Histoire de la librairie française», Patricia Sorel raconte l’autonomisation progressive des métiers du livre  depuis le XIIIe siècle. Ou comment, confrontés à la censure et à la concurrence, libraires, éditeurs et imprimeurs ont chacun construit leur place.
Le magasin de la Librairie nouvelle, boulevard des Italiens à Paris en 1860. (Photo Bianchetti. Leemage)
publié le 20 janvier 2021 à 17h11

Comment est née la librairie ? Comment a-t-elle évolué ? Quelle a été sa physionomie au fil du temps ? Petite Histoire de la librairie française propose un récit large et alimenté de nombreux témoignages sur la manière dont le métier et son échoppe se sont transformés du XIIIe siècle à nos jours. Entretien avec Patricia Sorel, maîtresse de conférences en histoire à l'université Paris-Nanterre et membre du Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines).

Quand naît la librairie ?

La librairie apparaît avant l'invention de l'imprimerie, au XIIIe siècle, avec la création des universités. Les premières se créent pour fournir aux étudiants les manuscrits nécessaires aux études, donc aux abords de la Sorbonne, à Paris. Sous l'Ancien Régime, le pouvoir va obliger les professionnels du livre - libraires et imprimeurs - à rester dans les limites de ce qu'on appelle le Quartier latin. Le pouvoir a toujours veillé à ne pas trop les multiplier pour mieux les surveiller et éviter une trop forte concurrence. Des libraires vont ensuite s'installer du côté du parvis Notre-Dame avec une autre clientèle, plutôt de bourgeois, amateurs de livres d'heures, de livres de prières richement illustrés, etc. L'installation des premiers libraires près de la Sorbonne, c'est-à-dire dans les Ve et VIe arrondissements actuels, va trouver son prolongement jusqu'à la fin du XXe siècle, avec la localisation de n