Rien ne va plus à la tête du «Spiegel», le prestigieux hebdomadaire
allemand. Depuis que le directeur, Rudolf Augstein, a obtenu au début de la semaine le départ du rédacteur en chef, Hans Werner Kilz, l'humeur de la rédaction oscille entre colère et découragement.
Après de longues journées d'âpres discussions, Rudolf Augstein a fini par imposer, mardi soir, à la société des rédacteurs, qui détient 50% du capital de l'hebdomadaire, le limogeage brutal de leur chef. Motif invoqué par Rudolf Augstein: Hans Werner Kilz a fait paraître, sans consulter la direction, un éditorial prônant la participation d'avions de combat allemands Tornados aux opérations de l'Otan en Bosnie-Herzégovine. Une trahison pour Rudolf Augstein, qui a, toute sa vie, milité en faveur d'une solution politique aux conflits.
«Journaliste fast-food»
Augstein, protestent aujourd'hui les journalistes, était au courant du contenu de ce texte avant sa parution. Cet éditorial, dénoncent-ils, n'est en réalité qu'un prétexte pratique pour écarter l'ancien rédacteur en chef et faire de la place à Stefan Aust, le grand favori du vieux patron du Spiegel. Stefan Aust, 48 ans, est aujourd'hui rédacteur en chef de Spiegel-TV, la filiale télévision du journal fondée en 1988. Il y a trois mois déjà, Rudolf Augstein avait tenté d'introduire son poulain au sein de la rédaction, qui avait fermement bloqué les manoeuvres du «vieux». Le candidat Aust, surnommé le «petit Napoléon», est en effet loin de recueillir la sympathie des r