Un bruit sec. Un annuaire téléphonique. Un doigt sur un nom. Un
texte, bref: «Risqueriez-vous votre vie pour quelqu'un que vous ne connaissez pas? Nous, oui.» Puis un tankiste sous son casque, regard de braise. Et le logo de l'armée de terre. C'est court (vingt secondes) et percutant; c'est le nouveau spot télé de l'armée de terre, qui passe durant trois semaines. Après un long travail d'enquête sur son identité, et avoir compris que toute analogie avec le monde de l'entreprise n'avait plus lieu d'être, les militaires de l'armée de terre sont donc revenus à une idée simple, semblant couler de source et ressortir de leur mission fondamentale. Les soldats se distingueraient du reste de la population par leur acceptation des risques spécifiques au métier des armes, pouvant les conduire à la mort. Acceptée, si l'on en croit la nouvelle pub.
La réalité est, comme de coutume, un peu moins idyllique. Et tous les travaux les plus récents sur la conduite des hommes au combat vient rappeler que ces épisodes sont générateurs de douleurs extrêmes, de traumatismes durables et souvent indicibles. Les motivations d'un soldat partant volontairement au combat, comme c'est le cas de nos jours, dans nos pays, sont d'ordre extrêmement divers: elles peuvent être purement «sociales», quand le chômage sévit; elles sont aussi, parfois, effectivement liées à un certain sens de «l'honneur» qu'il conviendrait de définir plus avant ou au «dévouement», qui mériterait également qu'on s'y arrête.
Peu de