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Libération

Mitterrand par Frédéric. Pas de photos de famille: l'exercice poétique d'un politologue. ""Envoyé spécial""

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publié le 11 janvier 1996 à 0h04

A une époque, peut-être, toute la France a jalousé Frédéric

Mitterrand. Quand le sobriquet du président de la République était «Tonton», il restait l'un des rares, eu égard à certains liens du sang, à pouvoir l'appeler «mon oncle». Pour ce qu'on pouvait en voir publiquement, leurs rapports faisaient un peu songer aux liens avunculaires unissant Fifi, Loulou et Riri à l'Onc' Picsou. Affectueux et pendables tout à la fois.

La dernière blague du neveu envers son oncle étant de s'être déclaré subitement «séguiniste» en mai 1995, appelant à voter Chirac avec des arguments forts en gueule (à moins qu'il ne se fût agi là d'une importante stratégie familiale d'embobinage public, le «beauf» Roger Hanin s'étant bien, lui, déclaré pour Robert Hue ­ passons).

A l'heure du travail de deuil, voici donc le neveu à la table de montage, dans la prestigieuse case d'Envoyé spécial, pour évoquer celui qui fut le frère de son père, Robert Mitterrand. On attendait de l'affectif; un portrait de famille, intime, avec des photos de tout le monde en short sorties de l'album, dans lequel Frédéric, en p'tit prince consort, et la voix gorgée de superlatifs, eût escaladé le massif mitterrandien par sa voie la plus secrète, à savoir: quel genre d'oncle il avait bien pu être. Tu parles!

Sous le titre l'Héritage, Frédéric Mitterrand a choisi de faire exactement ce que l'on n'attendait pas: oeuvre de politologue. Ici, à ce mot, le lecteur s'inquiète. Or, qu'il sache, avant d'aller plus loin, que nous ne ferons