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Libération

Radioactif. Record du tour.

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publié le 6 avril 1996 à 4h31

La radio est légère aux deux sens du terme: souple et approximative,

manipulable et incomplète. La couverture sportive d'une station comme France Inter en donne une bonne illustration. Dimanche soir, Inter Sports, c'est la pétarade. Le présentateur jongle avec une dizaine de correspondants. C'est la radio dans la radio, un auditeur intermédiaire, dans le poste, jouant à se régler sur différentes fréquences, à capter différents lieux. Cette opération de démultiplication est propre à la radio. Là où la télé optera pour l'intégrale, elle fait prospérer les bribes. Se poser puissamment, s'installer devant une course automobile, un match de boxe ou une rencontre de rugby, c'est le rapport de la télé au sport. Mais le dispositif est lourd et Goliath donc se remue parcimonieusement. La radio au contraire poste ses hommes le micro à la main, et le tour est joué. Il suffit que les applaudissements des supporters ou le souffle d'une moto passent en arrière-plan pour accréditer la situation. Mais le nombre des interventions est capital pour contrebalancer le peu de moyens, pour structurer l'illusion. Le magicien du poste, devant son micro de cristal, appelle, il zappe d'un esprit à l'autre et l'auditeur suit, captivé, sans s'offusquer du peu de détails qu'on lui offre (ici pas de ralenti, pas de caméra sur le cadre du but, pas d'affichage des pourcentages de premier service réussi...). Pour autant, on s'en doute, les esprits sont des comparses. Ils sont de mèche, ils jouent la comédie.