Les premiers autoradios étaient en grandes ondes. Avec eux, on
pouvait faire 100 kilomètres en écoutant le même Jeu des mille francs, ou plus, sans quitter sa dramatique nocturne. Aujourd'hui que la FM s'est imposée comme unique réglage sur certains appareils, l'écoute mobile si l'on peut dire offre une curieuse sensation. Dans un TGV, par exemple, il faut moins qu'une chanson pour entendre son récepteur glisser progressivement d'une station à une autre (ou retomber dans le brouillard). L'expérience est différente d'une circulation immobile, dans son fauteuil, à travers la bande des fréquences, ce qui revient un peu à braquer dans différentes directions. Ici, l'auditeur devient molette. Il n'est plus centre mais traverse la multitude. C'est moins d'ailleurs la modification du son perçu que l'impression de baigner dans un nuage de moucherons hertziens qui est bizarre. Certaines librairies internationales type Brentano vendent un épais annuaire, intitulé WRTH pour World Radio and TV Handbook. Faute d'une bonne antenne et d'une implantation pas trop urbaine pour récolter les ondes courtes, parcourir un tel grimoire de 700 pages donne une bonne idée de cette masse d'ondes en transformation constante et de l'imaginaire qui les accompagne. On s'aperçoit que notre gamme locale de Tropica à Fréquence Divine en passant par Quartier FM est juste un échantillon, un prélèvement. WRTH fête ses cinquante ans en 1996. Un demi-siècle renvoie à la sortie de la guerre, l'époque où la r