Londres, Harrods, troisième étage, le rayon hi-fi. Juchée sur
l'étagère du dessus, le poste de radio Freeplay fabriqué sous la marque Baygen est a priori dénué de pouvoir évocateur. Une grosse coque en plastique, noire, et rien d'autre, grosse molette, grosse poignée, une carrure qu'on qualifierait volontiers de «soviétique». On se demande ce qu'elle fiche là dans le Saint des Saints du chic, à part réclamer 79 livres et 95 cents (environ 640 francs) à l'acheteur potentiel. La réponse est notifiée: c'est la première radio qui fonctionne sans pile ni branchement électrique, elle se remonte comme un réveil. Le client y croit tout de suite d'ailleurs, car l'un des détails les plus apparents de l'objet, c'est sa manivelle. Quand on la remonte, elle produit un cliquètement quasi orgiaque. Une fois bloquée de contentement, la manivelle repart en marche arrière lente, se débobine et permet de capter au choix grandes ondes, ondes courtes ou modulation de fréquence pour environ trente minutes. Tentant, non?
BBC 1, fière d'avoir mis en relation inventeur et homme d'affaires à la suite d'un premier reportage, a consacré un documentaire à cette radio et vient de la récompenser par un Design Award au début du mois. La chaîne ne pouvait pas faire moins, puisqu'en l'occurrence, c'est le petit écran qui s'est mis au service de la radio.
C'est en regardant un documentaire sur la propagation du sida en Afrique et l'impossibilité d'endiguer la pandémie par des campagnes d'information adaptées que