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Libération
Critique

Arte, 21h45. «Musica», portrait du chef d'orchestre roumain. Celibidache seul dans sa fosse

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publié le 11 septembre 1996 à 22h30

On ne trouvera pas plus mystérieux que Sergiu Celibidache, chef

d'orchestre roumain disparu cet été. C'est en effet une bien curieuse carrière qui fut la sienne. Un parcours totalement atypique: des débuts prometteurs, l'oeil de feu, quand il pouvait prétendre d'entrée de jeu à l'une des plus prestigieuses responsabilités musicales, la philharmonie de Berlin; et, des années plus tard, une vie d'ermite qui a fait de lui une légende, à l'écart des maisons de disques, des grands orchestres. Dans le documentaire de 1991 que Arte rediffuse ce soir, Sergiu Celibidache sanctionne lui-même l'évolution de sa carrière: la beauté en soi, explique-t-il en substance, est un but dont il s'est détourné très tôt. Mais cette progression personnelle, ses fondements n'apparaissent jamais à l'écran. On sent la caméra fascinée, à l'instar des jeunes élèves qu'elle a filmés face au maître.

Mais si Celibidache était entouré de disciples, de jeunes musiciens qui assistaient à tous ses cours et buvaient ses paroles, le gourou n'a jamais fait émerger un chef d'orchestre qui aurait hérité de son exigence tout en la dépassant. Le documentaire le laisse bien voir: le chef était mené par une soif de perfection inextinguible, qui pouvait le pousser à s'accrocher à une note pendant des heures. Il réclamait, de ses musiciens comme de ses élèves, une compréhension totale de la partition qu'ils jouaient, les mettait à l'épreuve, refusait chaque version qui ne correspondait pas exactement à son idée.

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