Maurice Lévy est le patron du groupe publicitaire français Publicis, dont la figure emblématique a longtemps été Marcel Bleustein-Blanchet, mort au printemps. Il répond aujourd’hui aux questions posées cette semaine par Libération aux publicitaires, sur le thème de la publicité face à la morosité des Français.
Ça ne finit pas par vous lasser, cette «morosité» dont tout le monde parle?
Non. Je ne sais pas si morosité est le bon terme. Mais ce que je crois, c'est que les gens vivent dans une misère réelle et profonde. Les Français sont conscients de la gravité de la situation. Ils sont tenaillés par une angoisse sans précédent, une véritable peur. Peur du présent, peur pour leurs enfants, peur de l'avenir, peur de leur retraite. Je ne crois pas que ce soit des incantations ou des efforts de communication qui vont régler cela.
Est-ce à dire qu’il n’y pas de gens heureux en France?
La grande majorité des Français n'est pas à l'aise. Pas heureuse. Il y a cette grève aujourd'hui, cette grève hier des journalistes. C'est l'illustration de ce que connaît la France. Il y a des partis qui n'ont pas de leader: celui des chômeurs, celui des immigrés et celui des sans-abri. Comme ils ne sont pas représentés, ils sont laissés à l'abandon pendant que chacun défend son petit territoire, son petit avantage, et que le sort de la société n'est pas pris en compte.
Qu'il y ait des gens heureux, c'est indiscutable. Il y a des gens qui font l'amour, qui aiment, qui voyagent. Mais, dans le