Initiales S.G.
Canal Jimmy, 20h25, docu. Lorsqu'on a les oreilles décollées, le pire, esthétiquement parlant, c'est lorsque le jour passe au travers et qu'apparaissent toutes les petites veines irriguant les esgourdes en question. C'est nanti de ce genre d'appareil auditif à problème qu'apparaît Serge Gainsbourg en ouverture du documentaire d'Yves Desnos. Nous sommes en 1958, Serge a 30 ans, les cheveux ras, l'air d'un abat-jour pour lampe de chevet et interprète devant le public des Trois-Baudets le Poinçonneur des Lilas avec la décontraction de celui qui se fait arracher les dents sans anesthésie. Suit une interview où l'on demande à un Serge tremblant de tous ses membres: «pourquoi êtes-vous aussi méchant avec vos contemporains?» Réponse: «parce qu'il est plus aisé d'attaquer que d'encaisser"» Dans ce docu, tout entier porté par les interprétations d'un Gainsbourg encore chantant (et non pas toastant comme ce fut le cas quelques pastis plus tard), par les questions de Denise Glazer (madame Discorama) qui renvoient Mireille Dumas à ses chères études, et par les réponses de son interlocuteur qui ne verse jamais dans la facilité et qui, entre deux bouffées de cigarettes, s'interroge profondément sur les drôles de contradictions qui l'habitent, on se régale tout bêtement. Ecoutons quelques-unes des répliques de celui qu'on appellera affectueusement Serge: «j'ai horreur de la vulgarité, j'habite le XVIe et je me fais les ongles»; «les dents de lait tombent vite, les dents de s