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Libération
Critique

La famille en sept clichés. Le très franchouillard «Cap des Pins» ne vise ni à surprendre ni à innover.

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publié le 14 septembre 1998 à 9h32

C’est le jeu des sept familles. C’est d’ailleurs la forme

infantilisante du dossier de presse de Cap des Pins. Pour chaque famille, la mère, le père, les enfants sont déclinés sur des cartes d'une même couleur, avec le nom du personnage et la photo de l'acteur (trice) correspondant. Prenons la mère Chantreuil: «femme au foyer», Claude Jade. On pourrait ajouter: ménagère de plus de 50 ans, bourgeoise empêtrée dans ses doubles rideaux, amas hébété de cellules maternelles à la ramasse, lanterne rouge sociocul de l'évolution des moeurs. Elle n'aura pas trop d'une centaine d'épisodes pour oser dire «zut» au père Chantreuil, autocrate patenté qui prend sa femme pour une gourde et Cap des Pins pour un tiroir-caisse.

«L'air du temps». Les enfants se partagent idéalement le boulot: le fils Brice aime sa maman et monte une école de voile fauchée plutôt que de prendre la succession de l'entreprise paternelle; la fille Louise aime son papa et revient des Etats-Unis où elle a aiguisé ses instincts de wonderwoman. Cap des Pins est un trou d'où on voit le grand monde. A partir du thème Chantreuil, prototype de la famille traditionnelle sur le déclin, se greffent toute sorte de variations tricotées dans «l'air du temps»: famille cool, famille monoparentale, famille aventureuse, etc.

Très normalement, Cap des Pins puise au pot des bonnes histoires constitutives de la psychologie populaire, avec une mise en scène en dessous du niveau de la mer, marque de fabrique d'une culture dite «populaire»