Menu
Libération
Critique

Out of the Blue. Paris Première, 19h55, documentaire. Chirac en Afrique. M6, 20h50, Capital. Le nu. Arte, 20h40, soirée thématique.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 septembre 1998 à 10h05

Out of the Blue

Paris Première, 19h55, documentaire. Ce film est une honte. Une insulte au peuple noir auquel il coupe systématiquement la parole, sous prétexte de célébrer ses années d'esclavage et de tristesse. De cette récupération anglo-saxonne d'une des plus belles pages de la musique du vingtième siècle, montée en crème glacée à la gloire de John Mayall, Eric Clapton et quelques dizaines d'autres petits Blancs qui se sont engraissés sur le dos des grands bluesmen noirs, on retiendra quelques images furtives, évidemment anonymes, de ces forçats mélancoliques de la chanson d'amour, de l'inventeur insensé du gospel moderne, Thomas A. Dorsey, dont la silhouette sublime est balancée sans plus d'explication, aux quelques secondes accordées à Son House, aristocrate ouvrier dont la voix râpeuse et le bottleneck assassin vous trouent le dos au moindre glissando. Pour donner une idée de cette soupe d'images et de sons, on signalera que le tube country de Kris Kristofferson, Me and Bobby McGee, accompagne de ses accords trop blancs les ramasseurs de coton noirs du Mississippi. A tout vouloir mélanger, on débouche sur un véritable apartheid, les noms illustres des grands aînés noirs, Robert Johnson ou Mance Liscomb, ne servant que de mots de passe pour blanchir à l'avance des cohortes de Rolling Stones trop respectueux pour être honnêtes. Il faut ici essayer d'attraper au vol un sourire de Leadbelly ou un hurlement de Howling Wolf, avant que des overdoses de plagiats douceâtres (Ro