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Libération
Critique

Cuba, le grand bond en arrière. Planète, 22 h 00, documentaire. Pablo Neruda. France 3, 23 h 35, documentaire. Histoire du JT. TF1, 23 h 15, document.

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publié le 23 septembre 1998 à 10h17

Cuba, le grand bond en arrière

Planète, 22 h 00, documentaire. Bien sûr, il y a, sous forme de fil conducteur, la montée de la révolution, avec ses héros (Castro, le Che, Cienfuegos), parce que ce ne fut pas un détail de l'histoire cubaine. Ce n'est pas pour autant l'essentiel du documentaire inédit de Jean-Paul Capitte Cuba, souvenirs des années 50. De même, il esquive l'autre écueil de ce genre d'exercice qui aurait pu se résumer à une ode aux jours heureux des fifties. Quand Cuba, promu bordel de l'Amérique latine par Batista et ses parrains yankees, croulait sous les dollars et faisait la nique à Las Vegas. Nostalgie certes, mais dans l'île on n'a pas oublié que c'était aussi, entre autres, l'époque où Nat King Cole, idole du Tropicana, se faisait refouler des palaces de La Havane et devait coucher dans des hôtels réservés aux Noirs. Ce qui ressort surtout de cette petite heure, c'est la liberté de parole et de ton qui mine de rien soulève la chape de plomb du refoulement. Fini le silence autour de ce Cuba-là, du luxe et de la luxure, si prisé par Hemingway, Martine Carol ou Rocky Marciano. En ces temps de vaches maigres, on peut en parler, même avec trémolos et regrets dans la voix. Que l'on soit ancienne chanteuse en vogue, tenancier de casino ou membre du parti communiste. Rien de plus naturel in fine. A voir aujourd'hui l'intensité du trafic des corps sur le Malecon ou autour des hôtels, on se dit que, sous l'aspect du plaisir, Cuba a fait un grand bond en arrière.

Pa