Lundi, des patates
Canal +, 16 h 20, surprises. Peut-être Xavier Lambours a-t-il grandi dans une famille du Nord vouant un culte monothéiste à la patate? Peut-être son père était-il grossiste en tubercules? Ou peut-être que Vico, le roi de la pomme de terre, l'attendait chaque soir à la sortie de l'école maternelle et soulevait devant ses yeux les peaux molles de son imperméable? A la base, il semble qu'il y eut traumatisme. Le court métrage de Xavier Lambours est une sorte de rêve obsessionnel, un opéra dadaïste où la patate, grande transformiste, revient hanter la pellicule avec des visages à chaque fois différents. On y croise, en ouverture, trois gamins terrorisés entendant s'élever ce cri de l'obscurité qui les drape: «grosse patate!» Puis c'est un extra-terrestre, lointain cousin de Rank Xerox, avec des yeux globuleux tout verts, qui nous confie son terrible secret: «Je suis né sur la planète Patate, aux confins de l'univers (de terre).» Le reste n'est que germinations loufoques et considérations du genre: «la patate douce n'enlève pas l'amertume du pauvre.» Xavier Lambours, entre Dziga Vertov et David Lynch, propose une étrange miniature qui tient autant de la chanson que du cinéma, curieusement cousine des premières expérimentations rock de Soft Machine. Loin de ses décadrages angoissés de photographe à la mode, il inaugure ici son chemin de croix cinéaste d'où émergera un de ces jours un long métrage mutant qui nous étonnera tous.
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