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Libération
Critique

Maurice Blanchot. FR3, 23 h 45, documentaire. Artemisia. Canal +, 0 h 25, film coquin d'Agnes Merlet. En juin, ce sera bien. La Cinquième, 15 h 10, magazine.

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publié le 30 septembre 1998 à 10h47

Maurice Blanchot

FR3, 23 h 45, documentaire. Le documentaire de Hugo Santiago sur Maurice Blanchot est, par sa tentative même, exceptionnel. L'écrivain est invisible depuis des décennies ­ pas d'entretien, une photo volée au début des années 80 curieusement semblable à celle volée à la même époque à un autre invisible: J.D. Salinger. En plus, la majorité de ses amis ne l'a plus vu depuis une trentaine d'années. Et ils refusent en général de s'exprimer sur lui publiquement. Le documentaire rappelle que, jusqu'à la biographie de Christophe Bident ­ coscénariste ­, la vie de Blanchot se résumait en ces lignes: «Maurice Blanchot, romancier et critique. Sa vie est entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre.» Comment parler, sans lui faire violence, d'un homme qui dit dans une lettre à Blandine Jeanson avoir «toujours essayé, avec plus ou moins de raison, d'apparaître le moins possible, non pas pour exalter [ses] livres mais pour écarter la présence d'un auteur qui prétendrait à une existence propre»? Hugo Santiago et Christophe Bident suivent une piste géographique: privilégier les lieux de Blanchot pour y relater les rencontres décisives et faire entendre des extraits de l'oeuvre en cours. Emmanuel Levinas, son ami intime de jeunesse à la faculté de Strasbourg, évoque le Maurice Blanchot étudiant: «Je ne peux pas vous le décrire», explique-t-il. Et tous les autres amis ­ Jacques Derrida, notamment ­ feront part de cette difficulté à parler d'un absent.