Bangkok de notre correspondant
Le 9 novembre, Siprapai Chayxew, 25 ans, monte sur le toit de son immeuble, avec l'intention de sauter dans le vide. Elle a hésité longuement. Le drame a duré trois heures, pendant lesquelles secouristes, policiers et voisins ont essayé de la raisonner, sous l'oeil des caméras de la télévision. C'est en évitant d'être saisie par un secouriste qu'elle glisse dans le vide. Deux chaînes diffusent à plusieurs reprises les images au ralenti du plongeon fatal, faisant de Siprapai Chayxew l'héroïne (malheureuse) du jour. Dans la foulée, des tabloïds publient les photos du drame. Trois jours plus tard, Kakanang Engtrakul, une étudiante de 20 ans, elle aussi victime de déboires sentimentaux, menace de se jeter du toit de l'université Kasetsart de Bangkok. Prévenues, les chaînes dépêchent leurs équipes sur place. Le drame est vécu en direct sur le petit écran. Finalement, Kakanang est retenue à temps.
Depuis la retransmission de ces faits divers, la Thaïlande connaît un nombre accru de suicides ou de tentatives. On recense 8 suicides pour 100 000 habitants en 1998 contre 3,48 en 1997 et 3,1 en 1996. Pour Le Dr Vithoon Viriyakija, directeur du département psychiatrique du ministère de la Santé, aucun doute: «La surcouverture médiatique de tels faits divers entraîne un phénomène d'imitation. Je supplie les médias d'afficher une plus grande réserve», déclare-t-il en conférence de presse. Entre juin 1997 et juillet 1998, les médias thaïlandais ont relaté 650 c