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Libération

Les télés russes rivalisent d'émissions spéciales pour l'anniversaire du prix Nobel. Soljenitsyne, 80 ans à la chaîne.

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publié le 11 décembre 1998 à 19h19

Moscou de notre correspondant

Aujourd'hui, Alexandre Soljenitsyne a 80 ans, et les télés russes n'en finissent pas de célébrer l'événement à longueur de prime time. Pas tant pour la popularité dont jouirait Soljenitsyne dans son pays: depuis son retour du Vermont en 1994, il n'est guère en phase avec ses compatriotes, ses nouveaux livres se vendent peu, et le talk-show qu'il animait sur l'une des chaînes a été interrompu dans l'indifférence générale. Pourtant, les médias sont toujours restés à son chevet, chroniquant ses (rares) interventions publiques. Et, à l'heure de cet anniversaire, c'est à qui en fera le plus. Pour au moins trois raisons. La première, c'est que les Russes adorent les anniversaires, les jubilés de leurs artistes et écrivains, au point que c'est ici un genre en soi. La deuxième: depuis la crise d'août dernier, on se dit que, tout de même, ce vieux bougon de Soljenitsyne, qui n'avait de cesse de dénoncer le pouvoir des oligarques, n'avait peut-être pas complètement tort. La troisième explication, plus inconsciente peut-être: c'est sans doute la première fois depuis Octobre 17 que les Russes fêtent les 80 ans d'un grand écrivain (vivant). Les Babel, Pilniak et autres Mandelstam n'ont pas atteint cet âge (arrêtés, liquidés ou morts au Goulag), d'autres sont morts proscrits ou mis à l'écart comme Platonov, Erdmann ou Chalamov; Brodski, lui, s'est éteint en exil. Soljenitsyne est le seul. A avoir survécu, à être revenu en Russie, à ne pas avoir vu son coeur f