Dans la rubrique «c'est pas parce qu'on s'encule un peu qu'on est
pas des hommes», Oz, produit par Barry Levinson, fait dramatiquement très fort. Oz, c'est l'enfer carcéral d'une prison américaine où sont entassés les criminels les plus coriaces du pays, qui se regroupent par origine ethnique (Noirs des gangs, Italiens mafiosi, musulmans intégristes, confrérie aryenne raciste, etc.) et se font la guerre. La série imagine une cellule expérimentale aux murs de verre, sorte de société panoptique permettant une surveillance totale. Au sein de cette transparence inhumaine, un psy légèrement dépassé tente de rééduquer des détenus extrêmement violents. Depuis Je suis un évadé , avec Paul Muni, le film de prison est une vieille tradition du cinéma américain, mais ici aucune échappatoire, aucun bon sentiment, aucun héros rassurant ni innocent à sauver: enfermés à perpète dans un huis clos monstrueux régi par la loi du plus fort, des hommes sans espoir cherchent pourtant à survivre à n'importe quel prix. Oz fout vraiment les jetons, grâce à une mise en scène sophistiquée et un montage coup de poing qui suggère la violence plus qu'elle ne la montre (c'est pire), une texture réaliste qui donne une illusion documentaire et des personnages très travaillés: le jeune Ortolani, réputé le plus dangereux, sera la victime sacrificielle hantant la série; l'avocat Beecher est une brebis égarée que son compagnon de cellule (un quintal de pulsions fascistes) tatoue du sigle nazi sur la fesse droite