Dans la livraison compilatoire de fin d'année, voici le pudding
Canal+ consacré à la publicité. L'émission est annoncée comme «l'année de la pub 1998» et déjà il y a mésentente, puisque l'essentiel des spots proposés remonte aux trente dernières années. C'est mauvais signe pour estimer le degré de créativité de ce secteur à peu près ramené ici au «et hop!» de Gerflor et au «vous me reconnaissez?» de Luciano Benetton pour American Express. Et l'impression s'aggrave au cours de l'émission. Pourtant enregistrée, celle-ci ressemble en effet à une convocation post-cuite du gratin publicitaire, tant les trente «créatifs» alignés sur le plateau rivalisent de commentaires tautologiques, vaguement habillés de sociologie. «La pub évolue avec la société», nous dit par exemple Serge Fichard de CLM/BBDO. Bien. Robert Rochefort, sociologue au Credoc, nous raconte que la pub offre une représentation de «la famille exacte» et qu'on est passé en quelques années d'une image de «l'enfant seul» à celle d'un «pluriel d'enfants». D'accord. Mais dans ce pluriel d'interventions, la plus drôle revient à X (nous ne citerons pas son nom par courtoisie) qui réussit une véritable rupture épistémologique dans l'histoire de la pensée publicitaire: «L'humour, quand il est réussi, est très payant. L'humour pas drôle, cela ne marche pas. L'humour drôle, c'est à mon avis la panacée.» Grand silence. Et son voisin de plateau, qui paraît lui aussi avoir été tiré du placard furieusement eighties de Jacques Ségué