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Libération

Après coup. La bonne pâte.

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publié le 8 janvier 1999 à 23h28

Longtemps, les personnages populaires de Jérôme Deschamps ont fait

rire comme les misères de la vie. La fraîcheur des sentiments éclatait, au théâtre, sous le corset de mises en scène maniaques et épurées. Les coeurs semblaient pris, comme les corps, dans les costumes étriqués, les robes trop étroites, et, par la grâce des acteurs, l'émotion et le rire faisaient péter les pauvres coutures du ridicule. A la télé, sur Canal +, cela devint les Deschiens et, assez vite, on rit moins. Ni le fond ni la forme n'avaient pourtant changé: il s'agissait toujours de mettre en comédie l'égoïste cécité dans les rapports humains, chaque être dans sa nuit; mais le contexte avait changé: sur cette chaîne parisienne, enivrée d'elle-même, le moralisme stylisé s'effaça jour après jour. Il ne fut plus qu'un moyen, pour un certain public, de rire des gens de peu. Le petit écran faisait des Deschamps un instrument de reconnaissance et de discrimination sociale. On se souvint alors qu'on pouvait rire de tout, mais non pas n'importe où, ni avec n'importe qui.

Mercredi, un animateur de Nulle Part Ailleurs (première partie) rappelle cette vieille critique à l'un des piliers de l'équipe Deschamps: Yolande Moreau. Dans les nouveaux sketchs de la bande, chaque soir vers 19 h 45, Yolande joue Yolande, une grosse fleur bleue, naïve et frémissante, qui attend, dans un formidable intérieur des années 60 (porte-clés au mur, bar mobile, séchoir au salon), l'homme de sa vie. Titre: Qui va m'aimer? Chaque soir, u