On passe sur l'accordéon pouet-pouet façon Commissaire Maigret qui
sert d'illustration incongrue à ce reportage. On passe sur quelques questions neu-neu du genre «Et tu as l'impression que le cheval c'est ta nouvelle famille?». On passe sur l'extrême longueur de la chose, 90 minutes, aisément rétrécissable semble-t-il en 52. A part ça, Graines de violence de Cédric de Bragança donne un aperçu assez estimable de la difficulté d'approcher le problème de la jeune délinquance. Approcher intellectuellement comme physiquement puisque James, Alexandre ou Gérard sont des gamins assez chauds et prompts à niquer la tête de toute autorité. Pendant plusieurs mois, l'équipe de France 3/Capa (une boîte de production) a investi le foyer de jeunes délinquants René Birette de Marcq-en-Baroeul (Nord). Elle essaye plusieurs pistes pour appréhender les lieux et ceux qui y vivent. Cela ne marche pas toujours. Les interviews seul à seul en plan fixe, par exemple, n'ont manifestement pas donné grand chose. James, 15 ans, ne sort pas ou peu de la pose «z'y va»: «moi, j'ai le droit d'emmerder les gens, mais eux ils n'ont pas le droit. S'ils m'emmerdent, je les fracasse». En revanche, dès que la caméra traîne dans les couloirs, les chambres, les salles de cours ou au milieu des conversations, des altercations, on attrape quelque chose du problème. Notamment, une sorte d'aveu d'impuissance (palpable même si non exprimé) de l'équipe éducative, coincée entre un rôle de garde-chiourme et de gardien de pr