Bonn de notre correspondante
Au téléphone, la voix est guillerette. Michael Born, 40 ans, raconte avec un plaisir évident les nouveaux tours qu'il compte jouer à la télévision. Avoir été le plus grand bidonneur démasqué de l'histoire de l'audiovisuel allemand ne semble guère lui nuire, bien au contraire. En décembre 1996, au terme d'un scandale et d'un procès retentissants en Allemagne, il avait été condamné à quatre ans de prison pour dix-sept reportages falsifiés vendus à différentes chaînes: du ketchup lui avait servi à figurer le sang de prétendus clandestins albanais abattus par des villageois grecs, du sucre en poudre représentait la cocaïne de faux dealers, des figurants jouaient des adeptes allemands du PKK (le parti révolutionnaire kurde) ou des chasseurs tuant des chatons".
Projets. En prison, le souci allemand de resocialisation a permis à Michael Born de garder la caméra à l'épaule pour tourner un documentaire destiné aux écoles. Sujet: la ville de Trèves sous l'Empire romain" Libéré en avril dernier, après avoir purgé la moitié de sa peine, Michael Born continue d'enchaîner les tournages et déborde à nouveau de projets.
«J'ai dû changer de métier», avoue-t-il tout de même, expliquant avoir renoncé pour le moment au reportage d'«information», pour se consacrer à la fiction: «Avec l'imagination que j'ai, il semble que cela me corresponde mieux.» Il raconte avoir tout juste achevé le scénario d'un film. Une bande de falsificateurs célèbres en tout genre s'y retro