Sauvageon. Poivre attaque, mercredi sur TF1, sur ce mot retrouvé par
Chevènement comme le temps perdu. «Vous ne trouvez pas, demande-t-il à Jospin, que c'est un terme un petit peu faible, un petit peu" sympa?» Sympa, sauvageon? Ni la définition originelle («enfant qui a grandi sans être élevé, comme un petit sauvage»), ni le sens féroce et gourmand que lui a donné le ministre de l'Intérieur, en désignant à la vindicte par ce mot rare, et donc publicitaire, et donc frappant, ce qu'on appelait naguère des «cas lourds», non, rien ne fait songer à «sympa». Le «sauvageon» n'est pas le bon sauvage de Rousseau: il en est la version dégénérée, pourrie par la vie en cité; mais Poivre n'a pas les références de Chevènement, et s'en explique: «Quand on évoque les sauvageonnes"» Ah! Petite sauvageonne, va! Le présentateur est du côté des libertins, ce soir, plutôt que de Rousseau. Surtout, il connaît ses classiques audiovisuels: dans Fort Boyard, sur France 2, la «sauvageonne» était cette apparition muette et décolletée qui incarnait, au coeur du jeu moral et grand public, la sensualité brute: sois sauvageonne et tais-toi et mords-moi! Face aux délinquants, ajoute Poivre, «on pense plutôt, je sais pas, à des meneurs, à des récidivistes"».
Jospin prend un air à la fois modeste et supérieur, puis répond: «Certains trouvent ce terme trop sévère et d'autres trop doux"» Première phrase, et déjà, la position est prise: celle du Premier bien tempéré. Au XIXe siècle, on l'aurait dit juste mili