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Libération
Critique

Le soleil brille pour tout le monde. Cinétoile, 21 heures.

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publié le 15 janvier 1999 à 23h11

Celui-là, Ford l'aimait. Lui qui a passé sa vie à dénigrer ses

films, à discuter leur radicalité et à minimiser leur génie s'accordait deux ou trois rares réussites, le Mouchard, Wagonmaster, The Sun Shines Bright. Le soleil brille pour tout le monde, donc, pour ceux qui ont TPS, en tout cas. Reprenant le personnage sublimement sudiste de Judge Priest (joué par ce Will Rogers qui illumine aussi Steamboat' Round the Bend, son chef-d'oeuvre, peut-être son plus beau film), John Ford réussit à y rendre le pittoresque définitif, universel. On est en 1953, une vingtaine d'années après Steamboat..., cinq ans avant The Last Hurrah qui revient aussi, à sa manière, sur le sujet. Passage du temps, sentimentalisme politique, esthétisme social, génie du détail. La mort, déjà la mort. Bientôt Young Cassidy. Bientôt Frontière chinoise. Ceux-là, on ne va pas les rater. On va se les faire. Il n'y a rien à en dire. On n'en dira donc rien, en cherchant les mots justes. «Il y a chez Ford l'idée que le cinéma, ce n'est que du cinéma, que c'est simple. Et c'est quelqu'un qui a toujours traité les mêmes sujets, ce qui le rendait plus écrivain ou plus européen. C'est aussi son côté documentaire: un cheval, un type qui boit, une fille, un paysage" et c'est tout. Il a fait ça toute sa vie. C'est un régionaliste, d'une certaine manière.» C'est bien sûr Godard qui dit ça, dans une de ces formules impeccables qu'il affectionne. Il aurait pu aussi ajouter que Ford est le Pagnol américain ­ le plus beau