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Libération
Critique

L'Echelle de Jacob. Cinéstar 1, 0h50.

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publié le 16 janvier 1999 à 23h13

Cette machine américaine à faire suinter l'angoisse ­ sortie en

salles en 1990 sans susciter d'enthousiasme particulier ­ est signée du peu recommandable Adrian Lyne (Flashdance, Neuf semaines et demie, Lolita"). Et, contre toute attente, c'est une réussite. L'angoisse est ici de qualité supérieure: profonde et éprouvante.

Jacob Singer (Tim Robbins, excellent) a failli laisser sa peau au Viêt-nam. De retour à New York, cet agrégé de philo mène une vie minable: petit boulot à la poste, appart merdique, séparation mal vécue avec sa femme et ses enfants. Pour ne rien arranger, Jacob commence à voir des démons partout, puis des complots. Tout se mélange dans ses rêves et ses hallucinations: sa vie heureuse d'avant le Viêt-nam, sa guerre et sa vie d'après. Où est la réalité? Que lui a donc fait l'armée? Et comment s'extrait-on de ce cauchemar?

Le film commence comme un Viêt-nam movie, bifurque vers le thriller paranoïaque et s'achève sur une note quasi religieuse, qu'il serait cruel de dévoiler ici. Comment Lyne a-t-il fait pour se sortir d'un tel gymkhana? Il a sans doute vraiment rencontré son sujet. Ce Jacob prenant peu à peu conscience que son existence est un cauchemar a dû éveiller quelque chose de profond chez le réalisateur (à moins que cela ne soit chez le spectateur). En tout cas, sans déroger d'un iota au cahier des charges du film commercial, Adrian Lyne parvient à tisser une curieuse parabole dont l'enseignement est: quand on s'accroche trop à la vie, il n'y a rien de b