Il est plus facile de montrer la guerre que de raconter l'aube
hésitante d'un processus de paix. Et si les reportages sur la situation nord- irlandaise n'ont pas manqué avant le cessez-le-feu de l'IRA, les mois d'après-trève n'ont finalement été que rarement évoqués. Avec le reportage d'Alexandre Fronty, entre patrouilles de police et hélicoptères de surveillance, nous retrouvons nos héros là où nous les avions quittés. Républicains catholiques et unionistes protestants sont toujours les mêmes. Séparés dans Belfast par de hauts murs grillagés, isolés les uns des autres par la tôle et les barbelés. Ceux qui habitent loin de ces palissades expliquent qu'elles sont un peu la honte de la ville, qu'il faudrait les détruire. Ceux qui vivent dans leur ombre affirment que perdant le mur, ils perdraient certainement la vie. «Ce prétendu processus de paix», lâche amèrement un chauffeur de taxi protestant. «Il n'y aura jamais la paix, jamais», dit un autre habitant de Belfast. Partout, au coin des cheminées, sous la pluie, même dans ces groupes de femmes qui tentent de transgresser leur peur identitaire, rôdent la méfiance et l'inquiétude des temps anciens. Il suffit d'écouter Gail, la catholique. Elle et ses amies ont décidé de rencontrer les protestantes d'en face et de présenter leurs enfants aux enfants de l'ennemi. Mais pas question d'aller rendre visite. Aucune catholique n'a jamais passé le mur. Trop dangereux, car la mentalité unioniste reste citadelle assiégée. «Dans leurs r