Sans chercher à savoir qui est exactement derrière la rétrospective
Ford de Cinétoile, la chaîne auteuriste du câble (pour le meilleur et pour le pire), on lui sera gré de n'avoir pas oublié Young Cassidy. Ce film, pourtant, Ford ne l'a ni tourné ni signé. Tout le mystère du cinéma classique finissant tient dans ce paradoxe: il a suffi, en 1965, entre le décevant Cheyenne Autumn et Frontière chinoise, véritable automne fordien, qu'un vieux bonhomme fatigué se fende d'un projet irlandais sur la jeunesse de Sean O'Casey, poète national, dramaturge, rebelle, pour que la sauce prenne. Avant d'être tourné, Young Cassidy était déjà un chef-d'oeuvre. Rod Taylor, séducteur postcinéma des Oiseaux dès 1961, s'imagine ici en artiste, sous la caméra du fidèle Jack Cardiff, qui remplace au pied levé le vieux cinéaste malade. Ici, Michael Redgrave est Yeats. Héros du meilleur Mankiewicz (Un Américain bien tranquille), du meilleur Lang (le Secret derrière la porte), d'un sublime Hitchcock de jeunesse (Une femme disparaît), il accompagne avec une belle virilité la translucide Maggie Smith, réincarnation de Julie Harris, aussi radieusement pâle, aussi radieusement rousse, aussi miraculeusement jeune qu'elle l'était dans le plus beau James Dean, A l'Est d'Eden, dix ans plus tôt. Pas encore vieille-fillisée par le cinéma vieille fille de James Ivory, Maggie Smith pousse le vieux Ford dans ses derniers retranchements amoureux.
Young Cassidy, film limite, nous travaille à sa manière butée depuis p