Le 12 septembre 1998, ici même, ce film était joliment encensé. On y
revient pour dire à peu près la même chose. Simplement parce que la Taverne de l'Irlandais est en 1963 l'avant-dernier film qui compte du grand John Ford (on se passera de la parenthèse Cheyenne Autumn? «Le cinéma rend heureux, parfois.» Quel plus beau résumé de ce Ford tardif et gamin? «Il suffit de tendre un élastique et de le laisser claquer.» Jeu d'enfant, jeu de bille, jeu de quilles, c'est bien sûr de ça qu'il s'agit dans ces amourettes violentes et ces bagarres joyeusement amoureuses. «L'élastique claque où on ne l'attendait pas. John Wayne se retrouve médiateur entre l'Amérique blanche et la population eurasienne des îles». Belle intuition que ce parallèle avec la Prisonnière du désert, le film favori de beaucoup de cinéphiles tardifs. Ici, c'est une jeune Bostonienne coincée, jouée par la délicieuse Elizabeth Allen, qui se débarrasse de son «racisme soft». Là, on s'en souvient, c'était John Wayne qui apprenait à aimer, en une fraction de seconde, la petite fille presque peau-rouge qu'il avait décidé de tuer. Quand ça vous tue, la thématique, ça vous tue. Ce que l'honnête Launet oublie de dire, par timidité, c'est que ce film vaut plus que son scénario. Il hasarde même que «Ford ne nous a pas entraînés dans cette histoire juste pour une bluette et quelques coups de poing.» Erreur. Ford n'a jamais aimé que les histoires d'amour édifiantes et les belles bagarres. Vieux, il se risque même, dans cette