Les chevaliers de la Table ronde européenne sont quarante-sept. Tous
sont de grands patrons du monde de l'industrie, d'IBM à Petrofina, ou BP. Quand ils se réunissent discrètement dans leurs locaux, en Belgique, ils n'ont qu'une idée en tête: la privatisation des services publics d'éducation. Et une arme de choix: les nouvelles technologies. Face à eux, dans le documentaire bien ficelé de Francis Gillery, le Cartable de Big Brother, le pédagogue Philippe Meirieu ne pèse finalement pas très lourd. Sur le mode de l'avertissement mais n'est-il pas trop tard? , c'est dans le sillage de ces industriels, convaincus que «les autoroutes de l'information sont l'épine dorsale à toute stratégie de privatisation de l'enseignement», que nous emmène Francis Gillery. Ecole virtuelle. Ce dernier s'appuie en grande partie sur l'enquête d'un journaliste belge, Gérard de Selys, sur les lobbyistes de l'ERT (European Round Table) et ses liaisons semi-officielles avec la Commission européenne et sa commissaire chargée de l'éducation, Edith Cresson. De Bruxelles à Marseille, du centre de recherche de Petrofina aux couloirs de la Commission, Gillery piste cette école de demain, virtuelle, sans punitions, ou plutôt si, avec des punitions «en ligne», enfin débarrassée de ces maîtres qui aujourd'hui «déversent du savoir sans se préoccuper de leurs élèves». Une école sans école, mais avec des salles de cours universelles et des programmes éducatifs interactifs pour enfin «apprendre de manière acti