Bruxelles (UE), de notre correspondant.
L'acte manqué est formidable. Jeudi, à la suite d'une erreur de manipulation, une stagiaire de la Commission a agrafé une note interne confidentielle avec un arrêt de la Cour de justice européenne. Rien de grave, sauf que cet arrêt a été distribué à la presse le jour même, avec, bien sûr, son «annexe-lapsus». Les journalistes qui en ont pris connaissance s'étranglent. Il est vrai que cette réflexion sur les relations entre la Commission et les médias n'est pas piquée des vers.
A la suite de la révélation par quelques journaux (dont Libération) d'affaires de fraude et de népotisme au sein de l'exécutif européen, la note déplore une «prise en main de la salle de presse par des journalistes d'investigation. Mais il est faux de dire que nous n'avons plus d'amis. Au contraire: beaucoup de journalistes avouent leur perplexité devant ce qui arrive; beaucoup désapprouvent parfois ouvertement l'outrance de leurs collègues ["] Nous devons utiliser nos alliés potentiels pour rétablir un équilibre entre journalistes de fond et d'investigation». Plus loin, la note juge qu'une «dose de cynisme et parfois d'hypocrisie dans la manière de diffuser l'information est parfois nécessaire. Vouloir tout expliquer et s'ériger en modèle d'exhaustivité appelle souvent de nouvelles interrogations ["] Il faut donc apprendre à geler une partie de l'information dont on n'est pas tout à fait sûr ou dont on sait qu'elle pourrait donner lieu à une mauvaise inter