Menu
Libération
Critique

Douteux relents sous la Cagoule. Comment la France des années 30 a enfanté des terroristes d'extrême droite. «La Cagoule, enquête sur une conspiration d'extrême droite», Arte, 20 h 45.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 février 1999 à 23h42

On fait confiance au talent de conteur du documentariste William

Karel pour tenir le spectateur en haleine avec ses chroniques historiques débordantes d'archives montées impeccablement. En racontant pas à pas les turpitudes fascisantes de la Cagoule, organisation terroriste qui conspira au renversement de la République, il dresse un portrait haletant de la France des années 30, déchirée par le chômage et les idéologies. Du 6 février 1934 au procès des «Cagoulards» en 1948, Karel ausculte la tentation putschiste de l'extrême droite française, dont l'antiparlementarisme, l'antisémitisme et l'anticommunisme forcenés ont trouvé leurs héritiers actuels à travers Le Pen et le FN. Emanation d'une bourgeoisie terrorisée par les mesures progressistes du Front populaire, la Cagoule d'Eugène Deloncle, financée par des industriels (Renault, Lesieur, Saint-Gobain, Michelin, et surtout L'Oréal"), visait précisément la prise du pouvoir pour se débarrasser du «juif» Blum, de la République, et entraîner la France aux côtés des Mussolini, Franco et autres Führer. Malgré ses connexions au sein de l'état-major militaire, la Cagoule ne réussit pas à faire basculer l'armée, le coup d'Etat n'eut pas lieu et l'organisation fut démantelée en janvier 1938. Terminée, la Cagoule? Un mois après l'armistice, Deloncle écrit: «Notre programme est au gouvernement» de Vichy" Même sinistre, l'histoire n'oublie jamais d'être drôle: la plupart des dirigeants cagoulards se reconvertirent dans les cosmétiques L'O