Photogénie du vomi, éloge de la pauvreté, musicalité de la défonce.
Sans être particulièrement «moral», on peut s'étonner du succès planétaire de Trainspotting, sorte de fictionnalisation misérabiliste des Nightclubbing, ces chroniques wildiennes que l'ami Pacadis publiait il y a des siècles dans ce même journal, tellement décadentes, tellement attachantes. Ici, c'est au contraire la combine et le cynisme qui sont rois. Combine et cynisme teenage d'une bande d'escrocs qui foncent dans le mur, joyeusement, toutes seringues dehors. Sans dandysme excessif, Danny Boyle, gangster surdoué du clip quelconque, crache ses images vaguement hopperiennes, entre Ken Loach et Tarantino, icônisation quelconque d'un gang d'héroïnomanes écossais. Son idée payante, aussi warholienne que possible, c'est de représenter des personnages dont la vie ordinaire, une véritable usine, une vraie Factory, n'est elle-même que pure représentation. Quelques minutes, le temps d'un film, il rend donc ces personnages célèbres, mondialement célèbres. Pour survendre ses orgasmes opiacés, Boyle convoque Iggy Pop, Lou Reed et quelques autres, la morale de ce clip de long métrage étant que les shootés ordinaires peuvent également avoir des vies de rock stars: des filles, jeunes et jolies, de la poudre, autant qu'il en faut, de la chance aussi. Cette sitcomisation ahurie du documentaire social, saupoudrée d'un rien de surréalisme glauque, donne enfin une stature héroïque aux paumés les plus ordinaires, amoureux de J