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Libération

Après coup. Né du blanc.

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publié le 15 février 1999 à 23h45

Les Guignols, qui fêtent cette semaine leurs dix ans de contre-vie

dans la gloire, ça marche parfois comme les traitements capillaires pour chauves: il y a avant, et après. Pierre Fulla, journaliste sportif à France 2, l'explique samedi à Un an de +. Des Guignols, Fulla est sans doute le client le plus neutre et le plus absurde: idéal, donc, pour montrer que de rien, par la seule vie d'une marionnette, par la grâce immanente du spectacle, peut naître momentanément tout (c'est-à-dire, quand même, pas grand-chose). Fulla, avant? Les trente non-glorieuses d'une carrière lisse comme un crâne nu; d'un ancien haltérophile devenu, au mérite, modeste ouvrier qualifié du service public. Un beau jour, pour France 2, il commente les JO de Nagano, et soudain, sans qu'il l'ait voulu, les implants de la célébrité lui tombent dessus, par Guignols interposés, comme le brouillard sur les montagnes japonaises. Et ce brouillard, en tuant l'image, valorise sa voix, en fait une voix de radio. Il la remet, du même coup, à sa caricature, et la voilà sculptée dans le latex, ce nouveau marbre minute. «Ici Naganooo"» Il n'a fallu que quelques imitations, quelques minutes pour ça: Fulla devient, dans le vide de l'écran laiteux, un yeti domestique. Une étoile de neige est née.

«Trente ans de télévision dans la discrétion, sourit Marc-Olivier Fogiel, et soudain la gloire grâce aux Guignols" Y a-t-il eu un après-Nagano pour vous?» Après? Fulla sourit petitement. D'avant, il a gardé des manières de sans-gr