Immense McCarey, cinéaste de la religion transcendée et de la gêne
existentielle, ce mélange d'harmonie et de hiatus qui zèbre les conventions hollywoodiennes d'un coup de cutter insensé. Comment mieux résumer Ce bon vieux Sam que dans l'impeccable retranscription de l'ami Lourcelles (Dictionnaire du Cinéma, Robert Laffont): «Votre mari boit-il?» «Non.» «Joue-t-il?» «Non.» «Aime-t-il une autre femme?» «Non. Il aime l'humanité entière.» Formidable personnage, tellement ordinaire, tellement extraordinaire, littéralement bigger than life. Plus grand que nature? Comment traduire, précisément, cette américanitude démesurée du paysage mccareyien, ces enfants, ces monstres, ces grands enfants monstrueux? Le personnage que joue Gary Cooper, Ce bon vieux Sam, personne d'autre n'aurait pu lui donner cette générosité extravagante, irréfléchie, presque organique. McCarey a d'ailleurs passé sa vie à inventer des êtres exceptionnels que d'autres êtres exceptionnels, des comédiens, ont rendu légendaires en se les appropriant. On dira que c'est ça, le métier d'un acteur, d'un grand acteur. C'est pourtant plus, ces rencontres entre un gros valet patriote et Charles Laughton (l'Extravagant Mr. Ruggles), entre deux amoureux de légende et le couple Cary Grant-Deborah Kerr (Elle et lui), entre un prêtre chantant et Bing Crosby (Going My Way), entre Stan Laurel et Oliver Hardy, enfin, avant tout, avant que tout ça ne commence, pour le meilleur et pour le pire. Laurel et Hardy: la rencontre absol