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Libération

Après coup. Le cancre.

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publié le 23 février 1999 à 23h51

«On parle souvent de vous, attaque Michel Field en souriant, et pas

souvent en bien" heu" Vous en êtes conscient?» Le visage de Claude Allègre se plisse sous la question comme une éponge gorgée de Javel sous la main d'une ménagère hostile, et le ministre de l'Education nationale répond: «Non.» Dans le studio de Public, dimanche, on entend alors des rires. Non, vraiment? Quel comique, celui-là! Au moins, par cette réponse inattendue, a-t-il aussitôt capté l'attention. «Alors?» ajoute Field, qui attend la suite, la fin, qui aimerait savoir où il veut en venir. Le visage d'Allègre se plisse davantage. Ses pommettes enflent jusqu'à comprimer les yeux. Ses iris deviennent meurtriers sous la pression du visage. Son visage? Un donjon de chair, lourd et clos. Dehors, les profs attaquent. Il sourit enfin, et précise: «Non. Non, j'vous réponds non, parce que quelqu'un qui réforme inquiète. On se demande où il va s'arrêter"» Surtout, il y a cette mauvaise réputation. Elle serait due, dit-il, aux médias, aux rumeurs. A un malentendu, en somme. Mais, à écouter Allègre, on soupçonne ce malentendu d'être en partie dû à son ramage: s'il rend sourds les enseignants, c'est aussi parce que ce ministre de l'Education nationale ne sait pas s'exprimer; ce soir, moins que jamais. Il voudrait émouvoir en évoquant un chromo républicain: l'instituteur qui, naguère, lui apprit à ne pas faire de fautes d'orthographe; et puis, aussitôt, il multiplie les fautes de français, les lapsus, les bafouillis. Il