Du fond de son divan, Alain Quiquempoix se contemple à l'écran, plus
jeune de quinze ans. C'est bien lui déjà qui, sur le plateau du Droit de réponse de Michel Polac, défendait alors sa télé («La première télé de proximité en France!» se souvient-il), toutes moustaches dehors. Autour de lui, ses colocataires du HLM, tous branchés par ses soins. Et puis, le ministre de l'époque, Georges Fillioud (qui sourit à la «convivialité» de cette télé d'Aubervilliers), Michel Thoulouze (alors chargé de mission Hachette, ravi de «l'astucieux qui se glisse dans les trous du service public»)" le tout baigné par l'excitation de voir des télés libres succéder aux radios libres. On est en 1983. «Y a pas de doute, j'avais mis le doigt sur un truc à l'époque!» commente Quiquempoix. C'est tout le bras qu'il a passé depuis. Dossier prêt. Sur son palier tout en haut de l'escalier en colimaçon, les caisses de matériel vidéo débordent de l'appartement. Du salon aux chambres des enfants, les postes de télé, les câbles, les magnétos le disputent aux affiches de hard rock et aux collec' de pin's. «Excusez du désordre, prévient Quiquempoix, mais j'attends la décision du CSA pour tout balancer dans un nouveau local que je voudrais louer"» Quinze ans après la création de sa Télé Alfons Jouis (du nom de la rue en bas), l'ancien dépanneur télé du quartier a déjà son dossier tout prêt pour un éventuel appel d'offres de télés locales sur Paris. «Ça s'appellera la Chaîne, et ça couvrirait en gros la banlieue n