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Libération
Critique

Bal tragique à Altamont. Plus qu'un film sur les Stones, un bilan des sixties. «Gimme Shelter», Arte, 0h00.

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publié le 27 février 1999 à 23h33

Les Stones, dans une salle de montage, regardent un concert de leur

tournée de 1969. Show étincelant, car entre les albums Let it Bleed et Sticky Fingers, les Anglais à la langue pendue étaient vraiment le «greatest rock'n'roll band in the world». Puis ils écoutent à la radio, dépités, le bilan du festival qu'ils ont organisé la veille à Altamont: quatre morts, dont un poignardé par un des Hell's Angel recrutés pour la sécurité. Un de ces motards furieux déverse en direct sa haine des spectateurs «défoncés». Malaise. Grâce à ce dispositif, les frères Maysles, réalisateurs inspirés de Gimme Shelter, confrontent les rocks stars avec les conséquences de ce qu'ils vantent parfois dans leurs chansons («Sister Morphine») ou lors d'interviews tapageuses. Une question pour tout les flower people hante le film: comment, de la chanson Gimme Shelter («donne moi un abri»), la fête a-t-elle glissé vers Sympathy for the Devil? Le film donne une explication: ce concert de 300 000 personnes, comparable à Woodstock, fut préparé en catastrophe. La scène a été montée la nuit d'avant, car la veille, le lieu n'était pas fixé. La réputation sulfureuse des Stones a fait fuir tous les propriétaires, sauf un, qui a accepté pour la pub, au mépris de la sécurité. Les Stones ont joué sur une minuscule scène ouverte à tout vent, envahie par les groupies, un chien (!) qui passe devant Mick Jagger, et les Hell's Angels, chargés de surveiller ce boxon, qui s'abreuvent de bière et s'énervent. Entre chaque ch