Ave césars, ceux qui ont vieilli vous saluent! Le temps passe, le
temps casse, et chaque année, doucement, la cérémonie nous fait faner juste avant le printemps. Anesthésié par une préparation et une mise en scène de plus en plus draconiennes, l'écran accouche, sous césarienne, d'un an de plus. Désormais, tout est mis en sketch. Et samedi, sur Canal +, presque tout est réussi. Les ridicules, les travers, la joie, tout est écrit, anticipé, désamorcé: tout est canalisé. Comme dans un dîner de famille, comme dans Festen, on guette par où va surgir le fils indigne, le père violeur, le cousin péteur. Mais non, tout est sous contrôle: chacun ne libère que son personnage.
Elodie Bouchez, meilleure actrice, arrive sur scène tout râtelier dehors, souriant bien au-delà des joues. Tout en contorsions et petits cris ivres, c'est la ravie-à-vapeur. La gloire est son pétard. «Ouah!!!! Merci! MERCI! halète-t-elle. Oh la la! Hum! J'vais dire quelque chose! Je" J'suis hypercontente! J'aimerais envoyer ça là-haut dans le ciel pour ma petite Véro"» A Cannes, elle avait pleuré. Cette fois, elle accouche d'un ange. C'est trop, mais c'est prévu. Il y a du Roberto Begnini là-dedans: dans cette catharsis à spots ouverts, et si vendeuse. Ariane Ascaride, elle, remplace les bonnets péruviens: désormais, la frémissante petite rascasse humaniste incarne la conscience du métier. «Je parle au nom des réalisateurs, des acteurs, des techniciens"» Le fond de l'oeil est mouillé. Patrice Chéreau, meilleur réa