Il aura donc fallu plus d'un mois de tractations et une grève d'une
demi-journée pour que la troisième agence de presse mondiale soit dotée d'un nouveau président. Elle n'a toujours pas adopté son budget pour 1999, alors que celui-ci devait être, selon les statuts, voté en novembre dernier. Après les ratés dans la gestation de la loi sur l'audiovisuel, l'affaire de l'AFP illustre les tâtonnements des pouvoirs publics dans le secteur miné des médias.
Le scénario paraissait pourtant réglé comme du papier à musique. L'été dernier, le ministère des Finances, désireux de se débarrasser de Jean Miot, nommé par la volonté de Jacques Chirac en 1996, réalisait un audit au vitriol sur la gestion de l'ancien baron du groupe Hersant. On était à six mois de la fin de son mandat. Un délai plus que suffisant, en principe, pour préparer une succession en douceur. Mais le choc des ambitions et des susceptibilités, assorti de quelques maladresses, allait faire dérailler l'opération. Car l'AFP n'est pas une entreprise comme les autres. Régie par un statut hybride datant de 1957, sa gestion implique un consensus entre l'Etat et la presse écrite (surtout régionale). Le gouvernement a mis du temps à convaincre les patrons de presse de lâcher Miot. Au point que le 2 février dernier, date à laquelle l'élection devait avoir lieu, le conseil d'administration s'est retrouvé sans candidat. C'est là que l'intrigue s'est nouée. Le gouvernement n'a pas voulu imposer un candidat, comme cela a toujours été