Imaginez que, chaque jour, sur le trajet métro-boulot-dodo et sur le
lieu de travail, vous soyez menacé à n'importe quel moment de perdre une jambe ou même deux. C'est, partout dans le monde, y compris en temps de paix, le quotidien de millions de paysans cultivant un lopin de terre dans des régions infestées de mines antipersonnel (une victime toutes les vingt minutes). L'intérêt de ce documentaire, coproduit par Handicap International, le CICR et La 5e, est tout simplement d'être informatif, c'est-à-dire de ne s'embarrasser d'aucune mise en scène, d'aucun pathos, de refuser les témoignages-spectacles qui font frémir Margot pour se cogner sobrement le dossier, quitte à faire vieillot et ennuyeux. Outre l'étendue colossale des dégâts humains et l'ampleur de la tâche de déminage, Mortel héritage retrace le processus diplomatique qui a conduit à la signature, par une centaine de pays (mais pas les Etats-Unis), en décembre 1997, de la convention d'Ottawa portant interdiction totale de la fabrication desdites mines. Et c'est la plus-value de ce documentaire de montrer comment les ONG sont devenues, à cette occasion, parties prenantes d'un processus diplomatique. Ne se limitant plus à intervenir sur le terrain, les organisations humanitaires sont appelées, face à l'indifférence ou l'impuissance des gouvernements, à fomenter des mouvements d'opinion et à devenir lobbies à leur tour, au même titre que les puissances militaro-industrielles américaines qui sont à l'origine de l'indign