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Libération
Critique

Dans quel étage errer? Sitcom US dégoûtée du travail. Ravageur. «Working», Série Club, 20h15.

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publié le 13 mars 1999 à 0h08

En matière de sitcoms, la production américaine des années 90

finissantes s'inscrit chaque fois davantage dans un réalisme féroce qui finirait presque par mériter l'appellation emphatique de critique sociale. Cette fois, la sitcom se nomme tout simplement Working et s'annonce par un générique très ciné-club assez inattendu: un empilement d'extraits de films sur la représentation des masses laborieuses au travail (rangées de standardistes robotisées, d'employés de bureau tous identiques, cohorte d'esclaves enfermés sous la terre de Metropolis"). Working, c'est juste la réponse ricanante à l'aliénation par le travail, d'autant plus amusée que l'homo salarius vit désormais dans la peur d'être privé de son supplice. Le jeune et dynamique Matt Peyser vient d'embaucher chez Upton & Webber, dont on ne connaîtra jamais la nature exacte de l'activité (trafic d'influences, en tout cas) pour la bonne raison que les employés de la boîte ont oublié depuis longtemps ce qu'ils font là et à quoi ils servent. Matt, lui, n'a pas encore perdu ses illusions et surtout souffre d'un vitalisme jugé maladif par ses collègues, réfugiés pour leur part dans une inaction mi-dépressive, mi-vengeresse. Working est bien une nouvelle resucée de la vie communautaire au travail telle que développée aussi bien par Urgences que par Ally McBeal, mais cette fois l'amour de son boulot et de la mission accomplie laisse place à un nihilisme passif et amer, qui n'oublie pourtant jamais d'être drôle et même tendre («