Dans la fiction rurale et régressive de Jean-Pierre Pernaut (TF1, 13
heures), un moment de bonheur s'est, depuis quelque temps, glissé vers la fin, juste avant la Bourse et Jean-Pierre Coffe, le vieux chapon jardinant sur ses terres. Chaque jour, dans un lieu choisi, une femme ou un homme, face à la caméra de Christelle Chiroux, dit une chose qu'elle ou il a retenue du siècle. Cela ne dure que quelques secondes. Chacun s'est préparé. Certains ont appris ce qu'ils voulaient dire. Et l'image, soudain, est respectable: comme une vieille photo, du temps où les gens se tenaient à carreaux devant le photographe et sa boîte à pieds. Les petits formats audiovisuels sont souvent les meilleurs. Ils reposent et laissent l'imagination courir. Ces brefs moments de parole stylisée, tournés en plan américain, ne sont étouffés par aucun animateur, dispositif, message, psychologie, public: par aucun bruit. Des miettes, en somme, et préférables aux lourdeurs ordinaires du banquet cathodique. Peut-être s'est-on inspiré des Enfants pour l'an 2000, diffusés sur France 2. Seule différence, ces enfants bougent: leur parole inspire le présent et aspire l'avenir. Les adultes de chez Pernaut sont plus consensuels, plus crispés: tout va souvent trop vite pour eux.
La séquence est présentée comme un compte à rebours avant l'an 2000. On en est, ce vendredi, à J-288. La plupart des personnages sont inquiets. Leur nostalgie a été secouée comme une vieille dame. A J-306, un agriculteur du Calvados de 68 an