A l'heure où l'on s'interroge toujours sur le sort immobilier de
l'île Seguin, ancien usine Renault qualifiée de «forteresse industrielle» ou de «bastion ouvrier» selon que l'on écrit dans un journal de droite ou de gauche, la pub nous affirme qu'il y a bel et bien une relation de cause à effet entre l'industrie automobile et la lutte des classes. Par exemple, le spot pour la Peugeot 206 qui affronte, d'une part, ladite bagnole et, d'autre part, deux quidams au comble du sadomasochisme social. L'un est assis, l'autre à genoux. L'un lit le journal, l'autre lui cire les pompes. Mais voilà que, telle la machina dans le rôle de deus, l'engin Peugeot surgit et va produire son petit effet de retournement dialectique. Il passe, au ralenti, histoire qu'on s'ébahisse sur l'aspect rutilant-luisant de ses choses métallisées, et, par une sorte d'abracadabra socioprofessionnel, l'esclave se retrouve dans la position du maître, et inversement. Autant dire que si les révolutionnaires soviétiques avaient connu l'existence de la Peugeot 206 ils auraient fait des économies de croiseur Aurora. A l'autre bout du champ social, le spot pour la VW Passat laboure une idéologie plus XIXe (le siècle, pas l'arrondissement parisien) puisqu'elle réanime le fameux «Enrichissez-vous» de François Pierre Guillaume Guizot, ministre notoire de Louis-Philippe. La VW serait, en effet, «une voiture d'exception destinée à ceux qui ont du luxe une certaine conception». Conception réac (pour rester poli) qui se tra