Bresson, Bresson. Au moment du succès médiatique un rien démesuré de
Benoît Jacquot (son ancien «meilleur disciple» viré provisoirement hypnotiseur des beaux quartiers), revenir au modèle, au maître, n'est pas tout à fait inutile. D'autant plus que ce Bresson-là, Au hasard Balthazar, eut un temps mauvaise presse, tellement il semblait pleurnichard, impur, chaplinesque, enfantin, suppliant, sulpicien, anthropomorphique, obscurantiste, populiste. Très peu bressonien, en somme. A le revoir, on hésite à être aussi définitif. Un âne, pourquoi pas? Un âne battu, pourquoi pas? Un âne qui pleure, pourquoi pas? Encore un film paysan, vaguement nauséeux, vaguement stylé, vaguement naturaliste, pourquoi pas? D'autant que la petite-fille de François Mauriac, la si jeune Anne Wiazemsky (photo) qui baisse si sagement, si érotiquement, la tête, avait de quoi susciter certains désirs. Godard lui-même, qui la courtisa assidûment dans son collège catholique du XVIe arrondissement, en sait quelque chose. Il en fit plus tard sa nouvelle Karina, moins jolie, plus vicieuse, plus Mao. On peut dire tout ça, aujourd'hui qu'elle écrit sagement des livres: Wiazemsky fut une Sue Lyon française, une nouvelle vague à elle seule, une Lolita des beaux quartiers, une vague vierge. Balthazar, donc. Pierre Klossovski, le petit frère du vieux Balthus (le plus grand peintre du XIXe siècle encore vivant), merveilleux écrivain sadien, inspirateur (Roberte) des meilleurs films du regretté Pierre Zucca, incarne ici