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Libération
Critique

""Chiqué"" de Pierre Colombier et ""Monsieur Verdoux"". Ciné Classics, 18 h 20.

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publié le 25 mars 1999 à 0h17

Chiqué, premier film français parlant. M. Verdoux, perfection

bavarde. Deux extrêmes, deux chefs-d'oeuvre mal connus, mal aimés, deux dates dans l'histoire du cinéma. De Verdoux (même chaîne, 1 h 05), on se contentera d'évoquer la meurtrière agilité, l'attention chaleureuse, prévenante, presque tendre, presque amoureuse, envers un assassin misogyne, misanthrope, le plus douillet des serial killers. Chaplin y est moderne, elliptique, wellesien. C'est Welles, d'ailleurs, qui donna au vieux Charlot l'idée de ce film définitif, méchant, enfin parlant. Parlant, Chiqué l'est. En 28 minutes serrées, Pierre Colombier (le Transatlantique, avec Abel Hermant, le Roi des resquilleurs et le Roi du cirage, avec Milton, Ignace et le Roi du sport, avec Fernandel, le Roi avec Flers et Caillavet, Raimu, Victor Francen, Gaby Morlay"), né en 1896, mort en 1958, rappelle ses solides qualités d'artisan d'avant guerre.

Ici, le gros plan prime. Un accordéon serré de près, un joyeux air de musette: Chiqué démarre fort. La caméra s'éloigne avec élégance, découvrant deux banjos au passage. Atmosphère enfumée, quelques couples qui dansent fébrilement. Le patron présente aux spectateurs avides de voyous et de truands Alphonse, le roi du surin, et Mimile, la reine du tapin. Enfin une java, une vraie java. La danse promise est déhanchée, violente, une vraie déconstruction ouvrière. Dans cette cave, les apaches règnent, ceux des mauvais quartiers. C'est alors que la caméra sort de l'ombre de la boîte de nui