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Libération

Après coup. A l'aveuglette.

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publié le 26 mars 1999 à 0h18

A la télé, les guerres des «alliés» se suivent et se ressemblent.

Comme si, dans l'ennuyeuse et implacable répétition du scénario, le dispositif occidental de communication cherchait à conjurer l'imprévu, à éloigner les faits, à programmer la mort pour en conjurer les effets. Les images d'avant-guerre et les premières lueurs dans la nuit balkanique rappellent étrangement celles de l'opération Renard du désert (où tout était prêt, mis en archives, en attendant les bombes), qui rappelaient celles, fondatrices du genre, de la guerre du Golfe. Et rien, mieux que ces plans obsédants et abstraits, ne marque l'obscénité d'un monde où règne une peur physique, entière, de l'ennemi désormais intérieur: c'est un tout petit monde que ce monde, une cité inquiète, avec ses voyous serbes et irakiens que des brigades anticriminalité sont chargées de réprimer, la mort au poing; une peur qui, comme toujours, est accompagnée de savantes rodomontades techniques. Répéter, répè-éter, boucler la guerre sur story-board, mais, surtout, donner à ne pas voir.

Mercredi, donc, mêmes plans d'archives sur des avions plus ou moins furtifs. Mêmes inventaires technologiques de la force de frappe. Mêmes types d'envoyés spéciaux en zouaves-à-micros sur base de lancement (Aviano remplace Dahran). Ils n'ont rien à dire, et ils le disent. Exemple, sur TF1, vers 20 h 30: «Tous les appareils ont décollé, dit le zouave, ce qui semble suggérer que l'opération a commencé, mais aucun n'est revenu, ce qui suggère que l'o