Rio de Janeiro, de notre correspondant.
Avec sa cravache en guise d'épée, sa cape noire et son masque de «Zorra», Tiazinha («Tantine») fonce vers la caméra, toutes dents dehors. Puis, d'un geste svelte, se retourne, dégrafe sa cape, et apparaît sanglée dans une guêpière, porte-jarretelles et micro-slip. Sans préambule, elle se cambre et plante dans l'oeil de la caméra sa majestueuse bunda, une de ces paires de fesses rondes et charnues qui font délirer les Brésiliens.
Châtiment. En quelques semaines, ce divin fessier a propulsé Suzana Alves au firmament des stars éphémères. Tel un moloch insatiable, le Brésil hypermédiatisé consomme sans cesse de ces nouveaux personnages qui envahissent les chaînes, les revues, les commentaires, le temps d'une saison. Tiazinha dépasse pourtant toutes les prévisions, toutes les limites. Elle est partie de rien ou presque: une simple apparition sur TV Bandeiretes dans H, un talk-show pour adolescents aussi fade que son présentateur Luciano Huck. Suzana Alves avait pour mission de mettre de l'ambiance à coups de sourires carnassiers, de roulements de bunda et d'un effroyable châtiment infligé aux candidats malchanceux au quiz de H: leur arracher un sparadrap collé sur l'avant-bras. Le public adore.
Tiazinha se marre. Mais elle ne parle pas. On connaît à peine le son de sa voix. Suzana Alves vit son personnage vingt-quatre heures sur vingt-quatre, apparaît rarement en public sans son masque. C'est un fantasme vivant: celui de l'institutrice (les en