Alain Resnais, vieux beau du cinéma français, gendre idéal de la
cinéphile de plus de 50 ans, tient enfin avec ce film son premier grand succès populaire. On pense, bien sûr, aux shows oubliés d'Averty (Sablon, Montand, Dalida idéale). Et, plus encore, à une miniature vidéo obscure, signée Anne Faisandier, qui se filmait en Johnny Hallyday loubard. Déjà le play-back, déjà le narcissisme, déjà l'énergie. On se dit aussi que les grands Resnais sont derrière lui, pas devant: les échecs formidables, I Want to Go Home, par exemple, dernier grand film malade, dernier chef-d'oeuvre embarrassé, dernière comédie musicale hollywoodienne sans chansons" La nouvelle bande promo d'On connaît", taillée sur mesure pour Canal (Sabine Azéma francegallisant à mort sur Résiste, Bacri tentant vainement de s'encanailler sur les paroles de J'ai la rate qui se dilate), surpasse d'ailleurs le film pas de temps mort, pas de faux suspense sentimental, pas d'attente au guichet. On se souvient, au passage, que le film-annonce de Jaoui était autrement plus fin, plus convaincant, moins embarrassé, qu'On connaît la chanson, version longue.
Gentleman monteur, vieux menteur, Resnais est le musée Grévin du siècle, sa mémoire emperruquée, presque poudrée. Rival éternel de Godard, contemporain de Rohmer, un peu vieille fille comme lui, plus teenage, plus artiste (il s'aragonise avec élégance, tandis que l'autre s'ABêtit avec génie), Resnais s'offre in extremis, avec On connaît", son chef-d'oeuvre consensuel. Ka