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Libération
Critique

L'Invraisemblable Vérité. Cinétoile, 11h.

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publié le 29 mars 1999 à 0h20

De Fritz Lang, cinéaste impersonnel, hautain, rigoureux, on attend à

chaque film un chef-d'oeuvre. Il a fait des nanars, pourtant, comme tout le monde. Pas beaucoup, mais il en a fait. Même un navet comme American Guerilla in the Philippines, il y a des folles pour trouver ça extraordinaire. On ne se posera pas ce genre de questions avec l'Invraisemblable Vérité, l'un de ses deux ou trois plus beaux films, l'un de ses plus terrifiants. Une merveille d'implacabilité, de nervosité, de méchanceté, de méfiance, de haine, en un mot une leçon de morale. On connaît l'argument: un patron de journal, farouche adversaire de la peine de mort, propose au fiancé de sa fille de l'utiliser comme «faux coupable», de le laisser être condamné à mort, pour produire in extremis, c'est le cas de le dire, les preuves qui l'innocenteront. Rien ne marche comme prévu, les preuves brûlent, l'homme est sur le point de passer sur la chaise électrique. Sera-t-il sauvé? Exécuté? Est-il coupable? Innocent? Dans cette lugubre médiation sur la culpabilité, la faute, la société, Dana Andrews est extraordinaire, comme chez Preminger (Laura, Korvo, Mark Dixon), Tourneur (Curse of the Demon) et quelques autres jalons essentiels du cinéma hollywoodien, ici saigné à blanc, vampirisé, lyophilisé. Dans le rôle de la fiancée sévère, amoureuse, distante, frigide, la sublime Joan Fontaine, vieille fille hitchcockienne à l'érotisme anorexique. Grande bourgeoise, elle accueille dans ses bras, sinon dans son lit, le petit